Sur le GR221 : cinq jours pour traverser l’île
Le jour J est arrivé ! Après trois mois d’attente, nous partons pour le GR221 de Majorque. Nous sommes impatients d’arpenter ses paysages ensoleillés et de planter notre tente pour des soirées bivouac. Levés à 4h30 pour attraper la première navette pour l’aéroport, nous arrivons quelques heures plus tard, sous le soleil, à notre point de départ…
Jour 1 – Port d’Andratx > Saint Elm > Monastère de La Trapa (12km, 520m d+)
Il est 14h. Après un gros casse-croûte au Port d’Andratx, à contempler mer et montagnes, nous nous mettons en route. Il fait très chaud, on dégouline déjà. Les premières montées se passent bien. Les souvenirs du GR10 affluent et malgré l’absence quasi totale de préparation, l’entrain du départ nous fait avancer assez vite. On traverse une forêt puis une première crête se dessine, offrant une vue impressionnante sur la mer, 150 mètres sous nos pieds.
De l’autre côté se présente le monastère de La Trapa. Nous descendons jusqu’à lui. Aujourd’hui en ruine, il semble en cours de réhabilitation mais les travaux vont prendre un moment. Un bout de terrain plat et herbeux à proximité invite au camping (c’est d’ailleurs le seul du GR221) et un superbe spot surplombant la mer s’offre à nous pour le dîner. Mais celui-ci devenant très venteux, nous ne tardons pas à nous réfugier dans nos sacs de couchage après le coucher de soleil.
Jour 2 – Monastère de La Trapa > Estellencs (26km, 1300m d+)
D’autres randonneurs nous ont rejoint dans la nuit mais au matin, nous sommes pour une fois les premiers à partir. Le chemin est mieux balisé, la portion, plus touristique. Un hôtel un peu paumé nous permet de racheter de l’eau et heureusement vu le terrain. La montée qui suit est impressionnante, très longue, avec plusieurs paliers qui donnent l’impression de ne jamais en voir le bout. On rate une balise et perdons de longues minutes sous le cagnard à se repérer. Un peu plus loin, un refuge, mais il est fermé. Même le puit est inaccessible, verrouillé par un cadenas… Un coin d’ombre nous permet quand même de s’y arrêter manger.
On continue jusqu’au village suivant, Estellencs, pour racheter de l’eau. Heureusement, la route descend tranquillement et est globalement ombragée. Le plein fait, un dernier effort est nécessaire pour trouver un coin bivouac pour la nuit.
Jour 3 – Banyalbufar > Esporles > Valldemossa (23km, 1475m d+)
On remballe la tente de bonne heure pour se remettre en route à la fraîche. Environ deux heures de marche pour arriver à Banyalbufar où l’on ne s’attarde pas. Prochaine étape, Esporles pour la pause de midi. On passe à nouveau par les hauteurs qui offrent de beaux viewpoints, dont sur Palma qui est encore visible au loin. Une fois arrivés, quelques commerces permettent ravitaillement et extras. Une petite place nous permet de profiter de notre pique-nique à l’ombre et même de se débarbouiller à sa petite fontaine.
Puis la route continue pour Valldemossa. Peu de places propices au bivouac à cause des terrains privés. On finit par trouver une petite zone plate en contrebas du chemin. Des chenilles nous accompagnerons pour la soirée mais cela ne nous empêchera pas de goûter un repos bien mérité.
Jour 4 – Valldemossa > Deià > Soller (25km, 1285m d+)
Pas de pluie ce matin malgré les annonces météo. Mais le ciel est couvert, on sent que ça finira bien par tomber. On achève la montée vers le mont Caragoli puis traversons un plateau assez désolé d’où émane le sentier en pierres blanches. Ambiance un peu spéciale avec quelques moutons qui nous guettent du coin de l’œil. Descente impressionnante vers Deià, d’abord à flanc de montagnes, puis en forêt. C’est samedi, on croise pas mal de monde, randonneurs à la journée et traillistes de l’extrême. La route vers Soller est à nouveau plus touristiques : balises, restaurants, marches en pierre… Dommage que le sentier soit entouré de grillage sur cette portion.
Après Soller, nous croisons des chasseurs traditionnels qui tentent de limiter la population de chèvres sauvages à cause des dégâts qu’elles infligent à la flore déjà fragile. Malgré leurs explications, nos points de vue divergent mais on se quittent en bon terme. On s’arrêtent pour la nuit près d’une toute petite cascade mais qui a le mérite d’être le premier point d’eau naturel que nous croisons depuis quatre jours. Enfin une vraie toilette !
Jour 5 – Soller > Lluc (26km, 1365m d+)
Au matin, nous prenons notre petit déjeuner en contemplant le soleil se lever sur les montagnes avant de reprendre la route. Rapidement arrivés au sommet, un militaire nous confirme l’arrivée imminente de la pluie… Ça fait deux jours qu’on y échappe pourtant. Si on se prend quelques gouttes dans la descente vers le lac de Cuber, en bas, c’est le déluge. En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, on se retrouve trempé malgré les vestes de pluie. Les moutons se massent sous les arbres mais les éclairs pourfendent le ciel et la température chute de 20 degrés (en ressenti du moins). On reste quelques (longues) minutes avec les moutons. Les arbres rapidement surchargés d’eau ne remplissant plus leur rôle d’abris, on décide de repartir malgré la pluie battante.
Quelques mètres plus loin, on tombe sur les toilettes du parking du parc qui nous paraissent être un abri de qualité au vu des circonstances. Vêtus d’habits secs et réchauffés sous la couverture de survie, on passe les deux heures suivantes debout à regarder la pluie et les éclairs. Heureusement, la météo a du décourager les touristes. Puis, étant tout de même à Majorque, le soleil finit par revenir. En une demi-heure, tout est sec et la mésaventure presque oubliée. Le ciel se recouvre mais on sera finalement épargnés sur la suite du GR221.
En route pour Lluc, les paysages deviennent plus sauvages et nous rappellent les Pyrénées. Plusieurs viewpoints rythment le sentier. Au village, une fontaine permet de refaire le plein d’eau. Heureusement car tout est fermé. Le camping ne nous attirant pas, on repart sur quelques centaines de mètres avant de s’arrêter pour la nuit à la lisière d’une forêt.
Jour 6 – Lluc > Port de Pollença (24km, 218m d+)
Après une bonne nuit de sommeil, on repart pour le port de Pollença, la fin du GR221. Cette dernière étape est quasiment entièrement en descente vu que nous quittons les montagnes pour rejoindre la mer. On avance vite, le sentier n’est pas très technique. Il est déjà temps de faire le bilan de cette aventurette à Majorque. Que le temps passe vite !
Après Pollença, les derniers kilomètres sont une horreur. Le GR221 longeant la route, le bruit et les odeurs rendent ce dernier tronçon très désagréable… Dommage car il y a encore du relief à proximité. L’arrivée au port de Pollença nous confirme ce sentiment que ce GR221 était déjà fini depuis quelques kilomètres : les plages bétonnées, les hôtels alignés sur le rivage… La vie sauvage n’a plus de place ici. Nous restons juste le temps d’acheter nos tickets de bus et de l’eau pour le voyage avant de se laisser bercer jusqu’à Palma la tête plein de souvenirs de cette semaine d’aventures.
Jour 7 – Après le GR221, le petit bonus du voyage : Palma de Majorque
Ce GR221 terminé plus vite que prévu, nous disposons d’une journée de libre pour découvrir Palma de Majorque. Nous la passons à arpenter la ville nonchalamment et croiser sa cathédrale immense, le célèbre olivier de la mairie, las ramblas… Le soir, un ami de Laura, expatrié depuis quelques temps déjà, nous invite chez lui. C’est l’occasion d’échanger sur la vie locale, les différences culturelles, la nourriture…
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