En route vers l’Est : la Loire à vélo
Enfin ! Après des semaines d’attente et de préparation, nous sommes enfin sur la route et attaquons par la Loire à vélo.
Après un dernier après-midi passé en famille dans un mélange d’excitation et d’impatience, voir de tristesse, peut-être, l’heure du départ arrive. Devant la borne du kilomètre zéro à Saint-Brévin-les-Pins, les derniers instants tous ensemble sont plus émouvants que prévu. On ne part pas à la guerre mais on sait tous que la prochaine rencontre ne sera pas tout de suite…
Après une dernière série d’étreintes, nous y allons. Il est presque 17h, la météo plus que maussade. Après la canicule rencontrée durant le voyage de préparation, le choc est violent. Mais au final, nous sommes presque satisfaits car cela correspond mieux au besoin de notre invité surprise : notre neveu Valentin, 3 ans et demi.
À quelques jours du départ, nous avons troqué une paire de valises arrières contre un siège enfant. Histoire de rajouter du piquant. Surtout que voyager à vélo sera une première autant pour nous que pour lui.
Les premiers kilomètres défilent le long de la Loire. Le silence est de rigueur. Chacun semble dans sa bulle, commençant à réaliser. Et finalement, la mer s’éloigne et les conversations s’engagent.
Nous passons la première nuit à Nantes, chez un ami. Après une soirée de retrouvailles et la très sympathique surprise des pancakes pour le petit déjeuner, c’est les esprits et le ventre bien remplis que l’on reprend déjà la route.
Les jours passent. Les repères se perdent. Un nouveau rythme s’installe.
Partis sur une moyenne de soixante-dix kilomètres par jour, les journées s’articulent autour de longues heures de roulage. Avec plus de trente kilos de bagages répartis sur les deux vélos, nous nous rendons rapidement compte que nous avons sur-évalué notre vitesse moyenne et, de ce fait, sous-évalué le nombre d’heures passées sur la selle. Si le trajet est globalement bien balisé, il faut aussi prendre en compte les sorties de piste, les écarts volontaires pour l’approvisionnement et les pauses plus ou moins longues en fonction de la chaleur ou de la fatigue.
Nos sacoches étant bien remplies, nous ne pouvons stocker de la nourriture que pour deux repas. Pour faciliter l’intendance, ils sont souvent froids le midi et chauds le soir. Nous nous autorisons les orgies de fruits (bananes, pommes, melons, pastèques…) autant pour le réconfort que leurs apports nutritifs.
Première nuit en camping, monter la tente fait resurgir de bons souvenirs. Notre côté aventurier reprend ses droits. Chacun cherche ses marques.
Certains soirs, nous sommes hébergés par des membres du réseau Warmshower. Ces rencontres font pour nous partie intégrante du voyage. Le vélo crée de la proximité, mais s’immiscer chez une famille pour la nuit force le contact. À midi, nous ne savons généralement pas où nous dormirons le soir. Et nos hôtes ne se doutent pas non plus de notre arrivée avant les quelques heures qui la précède. Pourtant, l’accueil est toujours sincère. Nous rencontrons des gens aux profils très différents mais toujours très chaleureux malgré le nombre de demandes croissantes lié au succès de la Loire à vélo. De la famille cyclotouriste qui nous a laissé la maison ouverte en leur absence aux globe-trotters qui nous ont prodigué des conseils basés sur leurs expériences, les exemples ne manquent pas. La simplicité et la spontanéité de ces échanges nous enchantent.
Les soirées en Warmshower profitent également à Valentin. Il s’ouvre plus rapidement au fil des jours. Il est très amusant de le voir évoluer avec tous ces gens. Souvent les familles qui nous accueillent ont des enfants et Valentin se fait plein de copains. Au moment de partir, il les gratifie d’un « à ce soir ! » ou « à toute à l’heure ! ». Nous passons donc les kilomètres suivants à lui expliquer que c’est peu probable…
Passer de Tonton et Tata à parents par intérim n’était pas si simple. Il faut apprendre à caler le rythme de nos journées sur celui de Valentin. Dodo, repas, pause sieste, pause goûter, pause pipi…
Sur la route, Valentin énumère chaque poubelle, vache, tournesol ou tunnel que nous croisons. Il est curieux de tout, un rien lui suffit pour être content. Et quand les tracteurs se font trop rares, nous chantons des comptines, comme « Aux feux les pompiers » environ 2000 fois d’affilée.
Malgré un rythme relativement soutenu, environ 6/7 heures de vélo par jour, Valentin ne rechigne jamais à remonter sur son siège. Le matin, il est toujours le premier prêt pour remettre son casque et repartir. Voyager avec lui nous a fait vraiment plaisir. Maintenant qu’il est parti, c’est un peu plus calme. L’occasion pour nous de faire le point sur cette semaine riche en émotions.
La Loire à vélo : done !
Nous arrivons au terme de notre première étape. La Loire se termine pour laisser sa place au Doubs, Valentin est rentré chez lui, et pour nous, le voyage continue. Nous nous rendons compte qu’en si peu de temps, déjà beaucoup de choses se sont passées. Les kilomètres défilent, chaque journée est riche de nouveaux événements, rencontres ou discussions. Peu à peu, nous trouvons notre place. Nous réapprenons des choses simples comme prendre le temps, oublier les jours, vivre avec la météo, apprécier la route plus que la destination… Apprendre à désapprendre prend du temps. Nous changeons invariablement chaque jour un peu plus et prenons peu à peu goût à la vie nomade. La transition est douce avant le dépaysement. La Loire a vélo a été une préparation pour le corps comme pour l’esprit avant de s’élancer sur des routes plus lointaines vers l’Est…
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