Apologie du voyage lent
Comment (presque) tout le monde, nos premières vacances ensemble ont été en voiture. Un road trip en Écosse, que nous avons beaucoup apprécié d’ailleurs. Mais très vite, nous avions l’impression de passer à côté de quelque chose. Déjà, notre fibre écolo mettait notre conscience à rude épreuve. Puis arrivaient les problèmes intrinsèques à l’utilisation d’un véhicule thermique : la dépendance aux carburants fossiles, leur coût, la logistique (se garer, s’assurer…), etc. Au final, beaucoup d’ennuis, et pour quoi ?
À l’époque, nous faisions déjà du vélo de route à raison d’une sortie hebdomadaire. À l’époque, nous faisions déjà du camping et du bivouac au cours de randonnées ou certains week-end. À l’époque, nous aimions déjà passer du temps dans la nature. À l’époque, nous nous plaignons déjà que le temps passe trop vite.
L’heure du changement
Sans jamais avoir seulement imaginer lier ces sujets, nous avons été confrontés à ceux qui l’avaient fait à l’occasion de notre session de wwoofing de l’été 2014. Notre ferme étant basée à Saint-Brévin-les-pins, nous étions au carrefour de la Vélodyssée et de la Loire à vélo. Tous les jours, nous avions alors l’occasion de voir passer des cyclotouristes : des jeunes et des vieux, en solo ou en couple, des chargés ou des légers, des tandems… Quelques discussions plus tard, nous savions que nous ne tarderions pas à les imiter.
Sortir de sa zone de confort
Dix mois plus tard, nous voici à l’embouchure de la Loire, près à s’élancer le long de l’Eurovélo 6. Nos vélos sont équipés de quatre lourdes sacoches dont la moitié du contenu nous paraîtrait aujourd’hui inutile. Les premiers jours ont été durs mais au final, le corps et l’esprit se sont très vite accoutumés.
Nous avions choisi ce long itinéraire car nous pensons que la durée du voyage est très importante dans sa perception. On dit qu’il faut trois semaines pour se défaire de ses habitudes. Ce délai est donc un minimum pour vraiment entrer dans le rythme du voyage à vélo ou de la randonnée. Une fois le corps habitué, une fois la routine du voyage établie, une fois soulagé de ses craintes primaires, on peut commencer à profiter de la route.
Que l’on marche ou pédale, le déplacement occupe la majeure partie de la journée. C’est autant l’occasion de partager ses sentiments que d’entrer dans un état contemplatif. S’alternent alors longs silences et discussions plus ou moins engagées. La route devient un excellent moyen d’apprendre à se connaître et de refaire le monde.
Le voyage lent, pourquoi c’est tout bénéf’
Le voyage lent, on l’adore pour plein de raisons. Il a su faire résonner en nous des valeurs telles que la bienveillance, l’entraide, l’éco-responsabilité, l’hospitalité, l’amitié… C’est un bon moyen de s’affranchir des limites de son quotidien, de sa routine. Plus précisément, c’est l’occasion de :
Se bouger, se dépasser
Dans notre société sédentaire, la population a de plus en plus de mal à se déplacer par ses propres moyens. La demi-heure de marche rapide quotidienne recommandée par l’OMS passe bien souvent à la trappe. Lors d’un voyage lent, ce minima sera largement dépassé chaque jour et le voyageur ressentira vite les bienfaits de la dépense physique, même peu intense.
Changer de rythme
Sans impératif sociétal, chacun peut organiser son temps comme il le souhaite. Des journées pleine d’énergie à celles plus pépères, cette liberté permet de respecter son corps et ses envies. Sans électricité, c’est aussi l’occasion de se caler sur le rythme du soleil et de redécouvrir les bienfaits de ce cycle naturel.
Découvrir le monde sans filtre
Pas de séparation physique d’un pare-brise ou d’une carrosserie. Pas de personnes et de décors floutés par la vitesse. Parce qu’en se déplaçant par ses propres moyens, à une allure modérée, chaque rencontre peut alors être inspirante : un arbre bizarrement tordu, un oiseau qui chante, un sourire par dessus une haie…
Voyager pour tous
Le coût du voyage lent est très réduit : pas de carburant, pas d’hébergement… On s’offre d’abord le temps d’avoir le temps et tous les petits plaisirs simples de la vie. Concrètement, on parle d’environ 15 euros par jour pour deux dans notre cas.
Limiter son empreinte écologique
Même si rien n’est pas parfait, le déplacement à pied ou à vélo ne laisse que peu de trace. Et pour notre planète saturée de CO2 et autres gaz à effet de serre, c’est une belle victoire ! C’est pour ça que nous avons choisi de ne plus prendre l’avion. Quitte à avoir des convictions, autant être cohérent.
Des vacances au voyage, changer de paradigme
Pour certains, cela peut paraître une hérésie de faire du sport en vacances, de se coucher à 20h, ou encore de ne pas toujours manger à sa faim. Mais nous expliquons souvent ne pas considérer le voyage comme des vacances. Le voyage, par sa nature, demande un investissement sur les plans physique et émotionnel pour s’inscrire dans une démarche de découverte et d’échanges. De plus, l’essentiel à nos yeux est le temps passé sur la route, pas la destination. Alors qu’en vacances, le lieu est prédominant. Le trajet aller-retour est souvent perçu comme une contrainte logistique et effectué rapidement pour « profiter ».
Bref, vous l’avez compris, nous ne sommes pas prêts de nous séparer de nos fidèles montures ou de nos sacs à dos. N’hésitez pas à partager votre propre vision du voyage lent dans le groupe Facebook !