Journal du GR10 #3 : les Pyrénées Ariégeoises
Les Pyrénées Ariégeoises, nous en entendons parler depuis le début du voyage. Certains voyageurs décident de faire l’impasse sur cette partie du GR10 car l’approvisionnement est très difficile et les gîtes moins nombreux.
Revigorés par notre jour de pause, on se sent prêts à affronter l’Ariège et son dénivelé. Et c’est une fois de plus dans le brouillard que nous reprenons la route. Notre pause nous a donné l’occasion de planifier les prochains jours. Nous décidons de profiter au maximum des cabanes qui sont nombreuses sur cette partie du GR10.
Objectif du soir donc, la cabane d’Artigue. Après une montée dans le brouillard nous entamons notre descente. Car oui en Ariège, on peut monter et descendre plusieurs fois dans la journée… En chemin, on croise une pauvre vache morte qui se fait picorer par des vautours. Ambiance. Nous arrivons tôt à la cabane, nous mangeons et profitons de l’après-midi en compagnie des vaches, pas vraiment craintives… Certaines tentent même de nous rejoindre à l’intérieur !
Après une nuit mouvementée où Vincent s’est fait mordre par une souris, on remonte. On croise deux personnes qui travaillent à l’ouverture d’un camp de bivouac autogéré. Une petite table à l’ombre nous fait de l’œil, c’est l’heure de la pause déj. Laura, qui physiquement ne récupère pas bien, a le morale à plat. La route est difficile, et l’étude du dénivelé sur la carte n’annonce pas des journées faciles. Les deux travailleurs nous invitent à partager un café et nous expliquent leur projet. Le camp de l’Ours promet d’être très beau, dommage on arrive un peu trop tôt. Cette petite conversation nous fait du bien. Et c’est reparti, direction la cabane d’Uls.
Sur le GR10, les cabanes peuvent réserver le meilleur comme le pire, c’est le jeu. On ne sait jamais sur quoi on va tomber, sans vouloir vous citer Forest Gump… La cabane d’Uls est malheureusement en mauvais état. C’est dommage, mais ça ne nous empêche pas de passer une bonne soirée. Et puis ça fait d’autant plus apprécier les cabanes en bon état. Le lendemain, de retour sur la route, nous croisons un gîte qui vend un peu de pain et de fromage. Après notre pause déjeuner au bord de la rivière, c’est reparti pour une montée. La descente sous la canicule du matin avait été difficile, mais la montée s’annonce encore plus dure. Il fait chaud, trop chaud et dire qu’il y a quelques jours, on grelottaient sous la grêle. C’est fou.
La montée au col d’Arech est longue. Arrivés au sommet, on décide de pousser jusqu’à la cabane de Graouille. En chemin on croise un randonneur qui arrive de Banyuls ! Il nous confirme ce que nous avons commencé à voir : le ravitaillement est difficile et le dénivelé fatiguant. Cette rencontre nous fait plaisir, elle rend un peu plus réelle notre objectif. Banyuls existe bel et bien quelque part !
Notre cabane du soir est parfaite. La soirée est douce, on décide de sortir les petits tabourets pour manger dehors. Luxe suprême, il y a des cafés lyophilisés laissés par des randonneurs. Nous étudions nos options pour les prochains jours tandis qu’un petit loire ninja fait le tour de la cabane en escaladant les murs.
On attaque une nouvelle journée en commençant par une montée. On croise plusieurs cabanes. Le soleil passe de notre côté de la montagne juste après nous. On a échappé au cagnard ! Le terrain est très abrupte les descentes sont difficiles, souvent plus que les montées. Nous arrivons devant un restaurant qui vend du pain et du fromage lui aussi. C’est devenu notre seul menu le midi…
C’est reparti pour la montée, l’Ariège nous donne vraiment la sensation d’être dans des montagnes russes. Souvent on aperçoit depuis la descente la prochaine montagne à gravir, et on sait qu’on redescend juste pour mieux remonter !
Ce soir, c’est encore cabane. La tente commence à bouder ! Nous avons de la chance, la cabane du col d’Eliet est aussi très sympa. Et c’est au milieu des vaches qu’on prend un peu de repos. C’est l’heure de la tété pour les petits veaux puis les vaches vont se mettre à l’abri un peu plus bas pour la nuit. On profite du coucher de soleil sur les montagnes et il est temps pour nous aussi d’aller au lit.
L’avantage de s’arrêter à un col, c’est que le matin on commence par de la descente ! La route est agréable, en pente douce à travers la forêt… que du bonheur, si on oublie les dizaines de taons qui nous piquent chaque seconde malgré notre pas de course.
Si l’hébergement est facilité par les cabanes sur cette partie du GR10, c’est la nourriture qui nous préoccupe maintenant. Nos réserves touchent à leur fin, et le prochain ravitaillement est encore loin. Nous décidons de couper un morceau du GR10 pour rejoindre Aulus-les-bains. Nous prenons donc la direction de la route pour faire du stop. Sur place, nous refaisons le plein pour quatre jours d’autonomie. Nous commençons à mieux estimer nos rations et à porter le stricte nécessaire. À un ou deux paquets de gâteaux prêts bien sur ! On profite aussi de l’occasion pour se goinfrer de fruits que l’on ne peut pas se permettre de porter sur la route, trop lourds, trop fragiles.
On repart pour la cabane de Coumebière. En piteux état, le sol jonché de détritus, nous décidons de chercher un spot de bivouac. On tombe finalement sur une autre cabane un peu plus loin. On pose les sacs et direction la rivière pour se rafraîchir. L’eau est glaciale mais ça fait du bien.
Au matin, on passe le col de Bassiès, où le panorama est magnifique. Un peu trop peut-être. À regarder le paysage, Laura met le pied dans un trou et c’est la chute. Rien de cassé, sauf peut-être sa fierté, et malgré une épaule douloureuse, on se remet en route. Les réserves de nourriture s’amenuisent, nous faisons une nouvelle infidélité au GR10 pour rejoindre plus rapidement Vicdessos. Le soir venu, nous achetons nos billets de bus au départ de Banyuls-sur-mer. Dans notre tête, le compte à rebours se déclenche…
Ce matin, bonne surprise, on trouve des girolles. Elles agrémenteront à merveille les pâtes de ce soir ! Au passage à Siguer, on fait une halte dans le refuge gratuit mis à disposition des randonneurs. Des lits, des toilettes, une douche… le grand luxe. Le temps se gâte, on ne traine pas. Après 1200m de dénivelé positif, nous atteignons la cabane de Balleydret assez tôt, et surprise ! Fabrice un habitant de Siguer facilite la vie des randonneurs en mettant à disposition des conserves en gestion libre. Un grand merci à lui pour cette belle initiative. Une petite salade de fruit pour le goûter, quelle aubaine !
Le matin, nous repassons en forêt. Nous sommes à l’affût et bingo! Il y aura encore des girolles au menu. La pluie nous accompagne dans la montée où une cabane de vacher nous sert d’abris le temps du déjeuner. On reprend la route, le dénivelé est clément. Le soir, on croise un berger qui nous autorise à dormir dans sa cabane car il n’y sera pas cette nuit. On le remercie chaleureusement avant de la rejoindre une bonne heure et demi de marche plus tard. On est bien chanceux car il ne fait pas chaud ce soir. Encore un berger sympa !
L’orage éclate peu après notre réveil et, bien au chaud dans la cabane, on attend une accalmie. La météo est exécrable, le vent est impressionnant sur les crêtes. Il nous fait parfois reculer tant il est fort. Le midi, nous sortons notre dernière ration du sac et là, mauvaise surprise, le pain a moisi… Nous n’avons plus que ça, alors on enlève les morceaux les plus abimés, et le reste fera bien l’affaire… Le passage à la crête de la Lhasse est magnifique mais on accélère le rythme car l’orage menace à nouveau.
Au revoir Pyrénées Ariégeoises, bonjour Pyrénées Orientales !
C’est en fin de journée que nous atteignons Merens-les-Vals. Aucun commerce, Vincent doit encore marcher une heure et demi pour nous ravitailler au camping le plus proche. Sacrées Pyrénées Ariégeoises… Demain nous attaquons la dernière partie du voyage : les Pyrénées Orientales. Le planning est bien ficelé, il faut maintenant tenir le rythme pour être à l’heure pour le bus. Tic-tac. Tic-tac…
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