Premiers coups de pédales
Dernière ligne droite. Le voyage se profile à l’horizon et pourtant, les esprits ne sont pas encore à l’aventure.
Le temps passe incroyablement vite. Les derniers préparatifs nous absorbent entièrement. Organiser le déménagement, le stockage de nos affaires, le tri des choses à prendre sur la route… Il faut apprendre à se séparer du superflu pour ne garder que l’essentiel, évaluer ce qui mérite d’être emporter, se séparer de certaines choses que l’on gardait sans trop savoir pourquoi, et emballer ce que l’on retrouvera à notre retour. Le départ devient présent, et pourtant, pour nous, il n’est toujours pas concret.
Le temps passe incroyablement vite. Il est difficile de voir tout le monde. Il faut dire au revoir aux amis, passer un peu de temps avec la famille et déjà, il est l’heure de s’élancer pour notre premier périple, notre voyage d’essai, qui va nous rapprocher de notre point de départ.
Il est 6h du matin. Nous enfourchons nos vélos.
Les premiers coups de pédales, on s’élance. Nous traversons des paysages bien connus et déjà beaucoup arpentés. On s’éloigne jusqu’à ne plus reconnaître la route ou le nom des villages. La fraîcheur de la matinée a très vite laissé place à la chaleur étouffante de la canicule, qui nous fait vraiment souffrir. On comprend que le voyage sera pas toujours exactement comme nous l’avions imaginé…
Il faut d’abord s’habituer au poids du vélo. C’est le première fois que nous roulons aussi chargé, environ 32kg par vélo. Les montées du vignoble bourguignon éprouvent nos petits muscles, encore peu habitués à l’effort qu’il faut fournir pour tracter de si lourdes montures. Les vélos sont lourds, trop lourd peut-être…
Au bout de quelques heures, il faut se rendre à l’évidence. Nous ne pourrons pas rouler dans l’après-midi. L’air est étouffant, nos réserves d’eaux disparaissent rapidement. La canicule nous oblige à trouver asile le temps que le soleil se couche.
Nous nous rendons compte que le programme que nous avions envisagé sera dur à tenir dans ces conditions. Faire 140km sans pouvoir rouler de 13h à 19h ne sera pas facile. Nous nous arrêtons tout de même à Pouilly-sur-Loire pour profiter du fleuve le temps d’une sieste et d’une baignade.
Après 50 km supplémentaires, Bourges, enfin. La fraîcheur de la nuit commence à tomber, et efface un peu les marques cuisantes du soleil sur notre dos. Fatigués, endoloris, l’accueil d’Ophélia et de ses colocataires nous réjouit. Nous discutons autour d’un bon repas. Nous parlons cyclotourisme évidement, chacun évoque le voyage a venir. Il est déjà près d’une heure du matin, et si nous aimerions rester plus longtemps avec eux, le départ du lendemain prévu pour 6h nous obligent à prendre la direction du clic-clac. Il est déjà l’heure de se quitter. Peut-être nous recroiserons nous un jour sur la route…
La chaleur est encore plus présente. La fraîcheur de la matinée s’évanouit en quelques heures. Notre vitesse chute, il est midi, impossible d’aller plus loin. Nous n’avons pas fait les 80km prévu pour pouvoir rentrer dans notre planning et attraper notre train le lendemain matin. Nous devons changer de programme, trouver une autre solution.
Les nuits sont très courtes depuis quelques jours. Avant d’aller plus loin, nous cherchons un endroit où nous reposer à l’ombre avant de reprendre la route. Nous ne savons toujours pas comment rattraper notre retard.
Les combinaisons tournent dans nos têtes, c’est finalement le sommeil qui gagne la partie, il faudra trouver une solution plus tard.
Il est 16h. Un peu reposés, nous décidons de repartir. Au bord de l’eau, l’air est plus frais et les rares nuages présents dans le ciel nous rassurent. Le temps nous semble plus supportable. Nous reprenons donc la route, mais il fait toujours chaud, bien trop chaud pour rouler. Nous décidons de nous arrêter peu après pour faire le point. La chaleur harassante nous immobilise, les efforts deviennent plus que difficiles.
Il est 17h30. Nous regardons la carte toujours en quête d’une solution pour arriver à le Blanc avant la nuit. Nous décidons de continuer. Une forêt devrait nous protéger un peu le temps que le soleil tombe, en espérant que ce soit suffisant. Notre vitesse moyenne a beaucoup chuté. Chaque kilomètre nous prend trop de temps, il est difficile d’avancer. L’heure d’arrivée s’éloigne.
Il est 19h. Il nous reste 44 kilomètres, nous décidons de partager les kilomètres restant en faisant une partie sur le réseau secondaire avant de finir sur une plus grosse départementale.
Il est 23h. Le panneau le Blanc apparaît, victoire ! On monte rapidement la tente avant de savourer une douche bien méritée.
Dernier jour. Les cuisses et les mollets vont biens, les fesses sont un peu douillettes. 6h, il est temps de reprendre la route. Aujourd’hui, pas de petites routes. L’impératif horaire du train nous fait opter pour la grande route. Après une trentaine de kilomètres, le temps change et vire à l’orage. Le ciel s’assombrit, les premiers éclairs fendent le ciel, jusqu’à ce que le pluie s’abatte. Au milieu des monocultures de céréales, aucun n’abris ne s’offre à nous. Il faut continuer jusqu’au prochain village pour se mettre à l’abri. Avec l’eau et le vent, nous avons rapidement froid. La météo rencontrée durant notre voyage a décidé de ne pas nous épargner. On accélère, les jambes deviennent un peu douloureuses. La pluie s’arrête, on décide de continuer.
Mouillé, il est difficile de se réchauffer. Nous avons déjà froids alors que la pluie revient, plus fort cette fois. Il fait vraiment froid…
Poitiers. Nous sommes arrivés. Déjà ? Enfin ? On ne sait pas bien. Ce premier voyage, bien que très court, a été finalement assez intense. Nos objectifs kilométriques étaient sûrement trop élevés au vu des conditions évoquées, mais il nous a bien montré que sur la route, tout s’intensifie. Le bonheur d’une rencontre fortuite, les plaisirs simples d’une baignade dans la Loire, d’une sieste dans la pelouse, de ne pas avoir de montre… Tout cela nous donne tellement envie de partir à l’aventure !
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