Les Monts Thaï Russes
Durant les quelques jours de repos à Bangkok, nous avons eu le temps de programmer les prochaines étapes du voyage.
L’avantage d’avoir une organisation souple, c’est qu’on peut écouter nos envies, notre niveau de fatigue et ajuster l’itinéraire en conséquence. Pour l’heure, deux alternatives s’offrent à nous : la mer ou la montagne. Entre les deux, notre cœur balance. La mer, c’est sûr, on va devoir la suivre à un moment ou à un autre. Nous profitons donc d’être frais pour aller voir du côté de la frontière birmane et taquiner de la pente. Le dénivelé s’annonce plus important mais l’idée de voir les montagnes verdoyantes est trop tentante !
Les monts thaï russes, ou les multiples aller-retour de l’ascenseur émotionnel de deux cyclotouristes en Asie
Avant d’entamer les choses sérieuses, nous partons pour une petite journée de visite touristique, avec l’incontournable pont de la rivière Kwaï. L’endroit mythique est très fréquenté, et après un rapide petit tour au milieu des (vrais) touristes, nous reprenons la route.
Rapidement, le paysage change. Les routes serpentent entre les collines qui se font de plus en plus hautes. Le bleu du ciel contraste avec le vert des forêts, c’est magnifique, probablement ce que l’on a vu de plus beau jusqu’à présent. Une ombre subsiste : la monoculture. Partout où le sol semble être à peu près plat et aussi loin que nos yeux puissent voir, s’étendent des champs d’ananas, de bananes ou de cannes à sucres. La forêt, amputée aux pieds des montagnes, fait parfois peine à voir. Quelques zones en altitude restent inexploitables pour l’agriculture, et offre un spectacle à couper le souffle. Un soir, nous nous invitons à passer une nuit chez un éleveur de chèvre, niché au cœur de cet écrin.
Puis la route disparaît pour laisser place à une piste peu praticable à vélo. Nous sommes chargés, le dénivelé est important, notre allure diminue, notre motivation aussi… La journée s’annonce difficile. Le bitume finit par refaire son apparition le lendemain, nos fesses sont ravies ! Le dénivelé redevient clément tandis que nous approchons de la mer. Notre parenthèse dans les montagnes touche à sa fin et nous garderons en tête ses paysages grandioses…
Une dernière étape doit nous amener à Chumpong d’où nous prendrons un bateau de nuit pour nous rendre à Koh Tao. On s’élance pour plus 110 kilomètres, un bien grosse étape qui doit compenser nos vagabondages dans les montagnes. La route est plate, le vent souffle de dos… On a vu pire comme conditions ! Arrivés au port, impossible de trouver les nightboats, ces bateaux abordables qui font la traversée de nuit. Un détour par la police station locale et nous repartons avec plus d’infos et des bananes. Notre journée marathon touche à sa fin une fois rendus sur l’embarcadère. Le départ est à 23h, ce qui nous laisse 6h pour souffler un peu.
Après avoir longtemps fantasmé ces quelques jours de repos, c’est enfin le moment d’en profiter. Nous débarquons à 4h du matin, tout est noir et silencieux. Nous trouvons un petit porche où nous poser pour planifier ces quelques jours de repos. Une fois le jour levé et le petit déjeuner avalé, nous partons pour la première plage. Et là, c’est la douche froide. Le dénivelé est improbable, les pentes sont tellement raides que même pousser nos montures s’avère quasi impossible. C’est avec beaucoup de peine que l’on atteint la mer. Et malheureusement, la plage ne s’avère pas si idyllique que sur les photos. Les resords ont les pieds dans l’eau et le béton a largement détruit l’authenticité au paysage…
Le soir, la galère continue. Nos alliés habituels, police, école, temple, ne sont guère enchantés de nous voir errer dans leurs locaux et ne comprennent pas vraiment notre démarche dans un endroit qui comporte plus d’hôtels que de maisons… Finalement, après une énième montée terrassante, nous arrivons chez un français qui nous a proposé un bout de terrain au pied de son restaurant. La vue y est magnifique mais ne suffit pas à nous rendre le sourire… Nous décidons de partir dès le lendemain pour mettre fin à ce calvaire. Sans rancune et sans regret, l’île est surement superbe mais pour ceux qui ne voyagent pas à vélo.
De retour sur le continent, nous sommes épuisés. Koh Tao nous a vidé de nos dernières réserves. Malgré des étapes beaucoup plus courtes qu’à l’accoutumée, les jours suivants nous paraissent interminables. Les jambes sont lourdes, les estomacs patraques. Il fait maintenant si chaud qu’il est quasiment impossible de continuer à avancer dès midi. Heureusement, nous retrouvons le support et le réconfort habituels des thaïlandais qui sont prompts à nous proposer des solutions pour nous loger, voir à nous inviter à dîner. Voilà qui fait du bien au moral et qui renforce notre aversion envers les îles… Nous décidons cependant de retenter notre chance avec Koh Lanta. Si l’absence de dénivelé au nord de l’île nous a permis de circuler plus librement, le mépris ouvert des locaux chez qui nous nous sommes arrêtés le soir nous a clairement gêné et dégoûté, si bien que nous sommes retournés trouver refuge dans une police station.
Le début de la fin
Voilà, la fin de la Thaïlande se rapproche maintenant à grand pas. Plus qu’une semaine et 500 kilomètres avant de passer en Malaisie pour de nouvelles aventures !
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